IRIMI – Mouvement ayant comme finalité de prendre l’ascendant sur l’adversaire
Dans la pratique de l’aïkido il est l’un des principes fondamentaux de cette discipline.
Irimi se traduit en occident par une action positive d’entrée dont l’objectif est la prise de contrôle du centre de l’adversaire afin d’obtenir la maitrise de la situation pour réaliser une technique.
En Orient la signification est plus subtile.
Selon Maître Nobuyoshi TAMURA : « L’idéogramme iri de irimi exprime l’idée de passer l’entrée de la maison, d’y pénétrer de soi-même ou d’y être invité. L’idéogramme de mi donne l’idée de l’enfant dans le ventre de sa mère avec le sens de plénitude, plénitude de chair, d’os, de sang. Donc, mi égale corps, irimi mettre son corps dans le corps de l’adversaire. »
L’aïkido créé par maitre Morihei UESHIBA a été développé sur des fondations telles que SHISEI (position), KOKYU (force qui nait de la respiration), KAMAE (se préparer, se mettre en garde), MA AI (distance).
Le mot irimi est souvent explicité par l’accompagnement d’un autre terme qui défini une technique : exemple "Irimi Nage" ce qui n’est pas juste, en effet l’action irimi est un mouvement global et complexe. Il se suffit à lui-même et c’est une vision simpliste voire fausse de le limiter en ajoutant une autre définition.
Afin de bien comprendre la signification toute particulière d’irimi dans la pratique de l’Aïkido, nous allons nous nourrir de ces principes fondamentaux.
Pour le lecteur n’ayant pas la connaissance de ceux –ci il faut imaginer que l’action irimi face à un adversaire est d’entrer sans le déranger, accompagné d’une détermination sans faille, mais avec légèreté, rapidité, finesse et en respectant les grandes lois d’équilibre des énergies positives et négatives (yin et yang).
Pour réaliser un tel mouvement qui vous permettrait de prendre l’ascendant, vous ne devez avoir aucune volonté d’efficacité ; la pensée doit être dépourvue de sentiments de supériorité, mais en même temps être la manifestation de votre être ici et maintenant. Le regard (Metsuke) déterminé, une position (kamae) de grande qualité détendue et précise, la respiration (Kokyu) maitrisée, lente, filtrée et légère d’une très grande discrétion. La distance (ma ai) est parfaite, ne laissant aucune possibilité d’entrer pour votre adversaire, mais sollicitant une opportunité au déclenchement d’une attaque.
Quand, toutes ces conditions sont réunies, nous pouvons alors parler d’une action irimi réussie qui est l’un des mouvements les plus subtils et délicats à réaliser pour le pratiquant d’Aïkido.
Votre mouvement irimi, sans forcément entrer de façon manifeste, est l’action des forces qui s’harmonisent pour vous permettre de ne plus faire qu’un avec votre adversaire.
En aïkido nous utilisons le terme "AITE" à la place d’adversaire. En effet la réalisation parfaite d’un irimi est un état de grâce qui est très difficile à mettre en œuvre. Les oppositions peuvent à tout moments basculer en la faveur de Tori ou d’Aite (Aite / Tori une même pratique). A partir de ce mouvement votre irimi réalisé avec la plus grande précision, vous permettra de déclencher une technique d’aikido ou autre qui peuvent être une pique, une coupe, une projection ou une immobilisation ou simplement passer votre chemin.
Qu’il faille maitriser toutes ces notions fondamentales sans les manifester de façons directes afin de réussir irimi peut surprendre, cela est le sens même de la complexité des arts martiaux traditionnels et plus particulièrement l’Aïkido, c’est pourquoi nous parlons d’arts martiaux et non de disciplines sportives.
L’enseignement traditionnel, la pratique dans un dojo, la répétition des techniques, l’entrainement avec l’esprit du débutant (remise en cause en permanence), le respect de l’autre (Aite), la maîtrise, la paix intérieure, le relâchement, la volonté de non faire sont les valeurs indispensables pour comprendre, voire de réussir irimi, le irimi de l’aïkido de maitre UESHIBA.
Didier Allouis, Chargé d’enseignement national de l’Aïkido FFAB.